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Tiers-lieu : à l’université, ces lieux hybrides apportent l’esprit entrepreneurial

Tiers-lieu : à l’université, ces lieux hybrides apportent l’esprit entrepreneurial

Group of young entrepreneurs/ "Avec [des projets comme le Nota Bene], on peut pallier le manque de réseau ou imaginer un autre engagement que celui dans les associations [à l'université]", se réjouit Anthony Chandes.
Un article de LADEPECHE.fr – Publié le

(ETX Studio) – Les tiers-lieux s’installent dans les universités et apportent un nouveau genre d’esprit d’engagement et d’entrepreneuriat. Un modèle qui permet aux étudiants de s’engager autrement et de favoriser le lien social, l’intégration et l’esprit de communauté, mis à mal par la pandémie de Covid-19.

Fablabs, ateliers partagés, coworking… Les tiers-lieux “sont les nouveaux lieux du lien social, de l’émancipation et des initiatives collectives”, comme le définit le Ministère de la Cohésion des territoires. Ces lieux hybrides sont présentés comme une alternative au bureau et au domicile dans ce contexte de sortie de crise sanitaire. Vecteurs de lien social et de mixité, ces lieux hybrides fleurissent de plus en plus dans les milieux universitaires, proches des campus.

L’esprit d’entreprendre prend une place plus importante dans les milieux universitaires.
Le Catalyseur, tiers-lieu de l’Université Toulouse III – Paul Sabatier, situé sur le campus de Rangueil, se présente comme un “pré-incubateur”. Depuis 2015, des tables rondes, des soirées de débat sur l’innovation, des apéritifs pour “réseauter” sont proposés aux étudiants, personnels, doctorants de l’Université afin de sensibiliser à “l’intra/entrepreneuriat”.

Le cas du Catalyseur est un exemple parmi tant d’autres lieux qui tentent de rapprocher les milieux universitaires et le monde professionnel. A l’Université Paris-Saclay, Proto204 regroupe étudiants, entrepreneurs, chercheurs, institutions et habitants de la communauté d’agglomération autour des questions d’innovation, d’économie, de ville future… La Fabrique de l’innovation, à l’Université de Lyon, rassemble aussi chercheurs et étudiants sur trois sites autour des questions d’innovation et d’entrepreneuriat.

Instaurer un “modèle par les pairs” à l’université

Et d’autres lieux devraient ouvrir dans les prochains mois, comme à l’Université de Clermont-Auvergne, où l’ancien bar du Crous, le Nota Bene, sera transformé en un endroit de formation, de permanence pour répondre aux droits des étudiants, de coworking en journée, et de lieu de réunion en soirée. Des entrepreneurs de l’extérieur pourront venir informer ou travailler, se mélanger aux étudiants.

“Dans les écoles de commerces, il y a un tiers des cours, un tiers du réseau, et un tiers des associations qui comptent dans le cursus”, explique Anthony Chandes, président de la Fédération des Étudiants d’Auvergne. “Avec [des projets comme le Nota Bene], on peut pallier le manque de réseau ou imaginer un autre engagement que celui dans les associations”, se réjouit-il.

Parce qu’en réalité, des étudiants porteurs de projets, il en existe déjà dans les universités. Alors ce qui change véritablement avec ces tiers-lieux, ce n’est pas l’engagement, mais le modèle qui va permettre cet engagement. “On sort du modèle institutionnel et on se rapproche du modèle par les pairs, explique Aymeric Corbé, vice-président en charge de l’innovation sociale de la FAGE (Fédération des associations générales étudiantes), car les étudiants ont besoin de corps extérieurs qui vont apporter des connaissances et un autre lien”.

Le Nota Bene représente ainsi le premier modèle de tiers-lieu cofinancé par la FAGE. “C’est un modèle unique, déclare Aymeric Crobé. Nous avons l’AGORAé (épicerie sociale mise en place par la Fage) qui peut s’apparenter à un tiers-lieu, mais il n’y a qu’un espace de vie qui est réellement proposé”, déclare Aymeric Corbé.

Les premières lignes d’un cahier blanc pour monter un tiers-lieu comme le Nota Bene se dessinent, afin de guider les prochaines initiatives.

Le rôle exacerbé des tiers-lieux durant la pandémie

Durant la pandémie, ces AGORAé ont tout de même joué un rôle important en tant que tiers-lieux, puisque ces espaces ont permis la distribution de près de 29.000 paniers alimentaires entre mars et juin 2020.

D’autres lieux hybrides éphémères ont aussi permis de maintenir un lien social entre les étudiants, comme l’ouverture des restaurants universitaires pour permettre aux étudiants de travailler et sortir de leurs chambres. Une sorte de coworking finalement. “Cela a été une manière de faciliter la prise en charge des étudiants lorsque le gouvernement a annoncé le retour en semi-présentiel dans les campus”, déclare le vice-président en charge de l’innovation sociale.

La crise sanitaire a mis en exergue la véritable forme des tiers-lieux : un endroit flexible, hybride, multiple, détourné de sa fonction première, qu’une tribune écrite par un collectif d’universitaires, de dirigeants associatifs, de députés et du psychiatre Boris Cyrulnik, dans Le Monde, résume en trois phrases : “Vous utilisez votre salle de bains pour regarder un film ? Vous avez dormi sur le canapé alors que vous regardiez la télévision depuis votre salon ? Vous avez créé un tiers-lieu temporaire”.

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